October 04, 2018

Accrochez-vous à ce que vous avez : un nouvel essai sur la contention en orthodontie

 

Nous ne connaissons pas la meilleure méthode de contention en orthodontie. Ce nouvel essai ambitieux nous aide peut-être à trouver la réponse.

La contention du traitement orthodontique est un des domaines les plus sujets à controverse en orthodontie. En conséquence de quoi il y a de nombreux moyens de contention. Cependant, nous ne savons pas vraiment quelle est la meilleure méthode.

Cette nouvelle étude nous apporte des informations très utiles. Une équipe de Londres, Sud de l’Angleterre, a fait cette étude. L’AJODO l’a publiée.

Effets de la contention fixe ou amovible sur la stabilité et la santé parodontale : suivi à 4 ans d’un essai clinique randomisé

Dalya Al-Moghrabi et al

Am J Orthod Dentofacial Orthop 2018 ; 154 : 167-74

https://doi.org/10.1016/j.ajodo.2018.01.007

Dans leur introduction, les auteurs ont mentionné que bien qu’il y ait eu plusieurs essais qui ont été menés sur la contention, aucun d’entre eux n’a effectué le suivi des patients au-delà de 2 ans.

Ainsi, ils ont décidé de réaliser un essai clinique qui visait à observer les performances de l’appareil de contention sur une durée de 4 ans au moins. Ceci est très ambitieux, voyons comment ils ont procédé.

Ils ont posé la question suivante :

“ Quelle est la stabilité du traitement avec une contention fixe ou amovible sur une durée de 4 ans ?”

Les critères de jugement secondaires concernaient la santé gingivale et l’accumulation de plaque.

Qu’ont-ils fait ?

C’était un suivi à long terme d’une étude précédemment réalisée dans laquelle ils regardaient la stabilité après 18 mois.J’ai posté à ce sujet auparavant.J’ai pensé que c’était une bonne étude.

Le PICO était le suivant :

Participants : 82 patients d’orthodontie qui ont terminé leur traitement.

Intervention : Fil collé à partir d’un fil co-ax .0175

Comparaison : Gouttière thermoformée (GTF). Ils portaient leur GTF à temps plein pendant 6 mois, uniquement la nuit pendant 6 autres mois puis une nuit sur deux pendant 12 à 18 mois.

Résultat : Indice d’Irrégularité de Little et plusieurs marqueurs de la santé parodontale.

Ils ont fait une bonne randomisation, génération de séquence, distribution en aveugle, calcul de la taille de l’échantillon et analyse statistique pertinente.

Qu’ont-ils trouvé ?

82 patients ont été inclus dans l’étude. Après 4 ans, 42 de ces patients sont restés dans l’étude. Ceci représente 50% de perdus de vue.

L’augmentation médiane de l’Indice d’Irrégularité était de 2,37 mm pour le groupe des GTF et de 0,85 mm pour le groupe de contention collée. La différence entre les médianes était de 1,64 mm. Ils n’ont pas trouvé d’autres effets.

Lorsqu’ils ont regardé les résultats au niveau parodontal, ils n’ont pas trouvé de différence entre les contentions. En revanche, ils ont trouvé qu’il y a une accumulation de plaque et une inflammation gingivale significative pour les deux groupes de contention.

Ils ont également rapporté que le taux de non compliance avec le port des gouttières de contention au bout de 4 ans est de 67%.

Leurs conclusions étaient :

  • Les contentions fixes étaient plus efficaces que les GTF.
  • Les deux types de contention étaient associés à une inflammation gingivale et une accumulation de plaque.

Qu’en ai-je pensé ?

C’était une étude intéressante et ambitieuse. C’était intéressant de voir que dans leur compte-rendu initial sur ces patients, il n’y avait pas de différence entre les appareils de contention. Ceci suggère qu’avec une augmentation de la durée de la période de contention, les contentions fixes deviennent plus efficaces. Ceci peut être lié au niveau élevé de non compliance dans le groupe GTF.

Bien que cette étude soit bonne, je m’inquiète du nombre élevé de perdus de vue. C’est bien de savoir qu’il n’y a pas eu de différence de perdus de vue entre les deux groupes. De manière importante, l’étude a maintenu une puissance suffisante.

Malheureusement, nous ne savons pas si les participants qui ont abandonné l’étude étaient différents de ceux qui y sont restés. Ceci peut entraîner des biais. Par exemple, ceux qui sont revenus peuvent avoir été alertés par une récidive. A l’inverse, ceux qui n’ont pas donné suite peuvent avoir été très peu compliants avec leur contention. Il y a donc bien un biais mais nous ne connaissons pas son sens.

Finalement, nous savons tous que le suivi à long terme de nos patients est très difficile. J’ai le sentiment que les auteurs de cette étude doivent être félicités. Leurs découvertes sont cliniquement pertinentes.

Néanmoins, vous devriez en faire votre propre interprétation du fait de ce taux de perdus de vue élevé qu’ils ont pu observer.

 

 

 

 

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