June 11, 2018

Traitement de la Classe II à l’aide d’ancrages osseux : est-ce possible ou nécessaire ?

 

Les appareils fonctionnels sont un moyen de correction de la Classe II bien établi, mais ils posent quelques problèmes. L’utilisation de mini-plaques pour délivrer des forces de Classe II est-il un moyen de traitement ?

Les appareils fonctionnels sont une méthode relativement efficace pour la correction des malocclusions de Classe II. Leur efficacité a été étudiée dans plusieurs essais cliniques et revues systématiques. Après toute cette recherche, j’ai le sentiment que ce domaine n’est pas si controversé comme certaines personnes laissent à suggérer. Quoi qu’il en soit, ces investigateurs ont mis en avant une nouvelle technique de correction des problèmes de Classe II en utilisant des mini-plaques vissées dans le maxillaire et dans la mandibule. Ils revendiquent vraiment l’efficacité de ce traitement donc j’ai regardé cet article avec beaucoup d’attention.

Une nouvelle approche du traitement des malocclusions de Classe II squelettiques : ancrage osseux par mini-plaques.

Abdullsalam Abdulqawi Al-Dumaini et al

Am J Orthod Dentofacial Orthop 2018;153:239-47

https://doi.org/10.1016/j.ajodo.2017.06.020

Une équipe de Syrie et du Yémen a fait cette étude. Les auteurs ont déclaré un conflit d’intérêt du fait que certains d’entre eux ont brevetés cette technique.

Qu’ont-ils recherché ?  

Ils ont fait une étude dont la problématique est

“Quelle est l’effet de la correction des malocclusions de Classe II à l’aide de tractions de Classe II via des mini-plaques ?”

Qu’ont-ils fait ?

Ils ont réalisé une étude de cohorte prospective. Le PICO était le suivant :

Participants : patients de 10-13 ans avec une malocclusion de Classe II squelettique.

Intervention : traitement par mécanique de Classe II avec ancrage squelettique.

Contrôle : un groupe sans traitement. L’article ne donne pas plus de détails.

Variables étudiées : plusieurs mesures céphalométriques.

Ils ont utilisé des appareils fixes avec une prescription MBT pour aligner et niveler les arcades. Ils ont ensuite fixé des mini-plaques orthopédiques à la mandibule et au maxillaire sous anesthésie locale. 28 jours plus tard, la mise en charge des mini-plaques a débuté avec des élastiques de 250gF pendant 3 semaines, puis 350gF pour 3 semaines et pour finir 450gF par côté pour le reste de la phase fonctionnelle.

Les données céphalométriques ont été recueillies après alignement et nivellement avec des appareils fixes et une fois le surplomb réduit à 1-3 mm. Ils ont comparé 23 mesures céphalométriques avec des tests “t”.

Qu’ont-ils trouvé ?

Il s’agit d’une étude céphalométrique dans laquelle plusieurs variables liées les unes aux autres ont été comparées à l’aide d’analyses statistiques univariées. Cela signifie qu’il existe une forte chance de faux positifs du fait du hasard. Nous devons garder cela à l’esprit lorsqu’on regarde ces données.

Premièrement, quand ils comparent le groupe traité et le groupe témoin non-traité, il apparaît que déjà 10 sur 20 des mesures sont significativement différentes. Je ne vais pas toutes les énumérer, cependant, le SNB a 2 degrés de plus dans le groupe contrôle. Ils ont ensuite comparé les changements au sein des deux groupes et chaque variable était différente. Ils ont aussi comparé les changements entre les deux groupes et encore une fois presque tout était statistiquement significatif, mais la taille de l’effet était faible.

Les auteurs ont conclu que :

“L’ancrage par mini-plaques bimaxillaires favorise la correction des malocclusions de Classe II squelettiques principalement par des changements squelettiques.”

Qu’en ai-je pensé ?

Premièrement, je pense que cette étude avait le potentiel d’être une très bonne étude de cohorte qui pourrait mener à un développement plus poussé de cette technique et les auteurs devraient être félicités pour ce travail.

En revanche, une des raisons pour lesquelles j’écris ce blog est d’aider à l’interprétation des études qui sont publiées dans la littérature. J’essaye en général de faire un retour constructif, à moins que l’étude ne présente de sérieuses lacunes ou qu’elle promeuve des traitements onéreux de façon erronée. J’essaye également d’être objectif et de ne pas être trop critique. Mais, une fois que j’ai regardé cette étude je ne peux pas être d’accord avec leur conclusion.

J’ai deux inquiétudes principales. La première concerne le choix du groupe témoin. Les auteurs n’ont pas donné de détails sur la sélection de ce groupe. La seule référence est celle d’une thèse, et je n’ai pas pu en avoir un exemplaire. D’autant plus qu’il existait de nombreuses différences entre le groupe témoin et le groupe traité avant le traitement.

Deuxièmement, ils ont analysé plusieurs mesures céphalométriques de façons différentes, puis ils ont choisi les variables qu’ils voulaient commenter. Je pense que c’est ce qui m’a empêché de comprendre le raisonnement qui a mené à leur conclusion.

J’aurais aussi aimé voir des informations sur le ressenti des patients quant à leur appareil. C’est une variable qu’il est important de considérer, en particulier dans les études qui impliquent des techniques invasives.

Je ne peux m’empêcher de penser que cet article aurait été meilleur s’il s’agissait d’une simple étude de cohorte, sans groupe contrôle, et je me demande pourquoi les juges de l’AJO-DO n’ont pas suggéré ceci ?

Finalement, je resterai sur le twin-block pour la correction des Classes II. La recherche montre que cela fonctionne et que ce n’est pas aussi traumatisant que la mise en place de mini-plaques à ancrage osseux. Ce serait cependant génial d’avoir plus de recherche sur cette technique qui pourrait être une belle avancée.

 

 

 

 

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