October 04, 2018

La posture des pieds entraîne des malocclusions !

 

Parfois je tombe sur des papiers qui peuvent sembler tout simplement étranges. Ce nouveau papier s’intéresse à l’association entre la posture des pieds et les malocclusions.

Les auteurs de ce papier débutent en déclarant que les perturbations fonctionnelles des muscles masticatoires pourraient être transmises à d’autres muscles le long des « chaînes musculaires ». Cela pourrait également être inversé et le système dentaire pourrait être influencé par un déséquilibre d’un autre endroit du corps. Ensuite ils suggèrent qu’une correction précoce des malocclusions pourrait réduire ou éliminer le besoin de traitement futur. En conséquence, il nous faut évaluer et corriger précocement la posture des pieds.

Une équipe d’Espagne a effectué cette étude, publiée dans « Medicine Journal ».

Relations entre la posture des pieds et les malocclusions dentaires chez des enfants âgés de 6 à 9 ans. Une étude transversale.

Ana Marchena-Rodriguez et al.

Medicine: Doi http://dx.doi.org/10.1097/MD.0000000000010701

Ils ont effectué cette étude afin de répondre à cette question :

« Y-a-t-il une relation entre la posture des pieds, les paramètres d’empreinte des pieds et les malocclusions antéro-postérieures ? »

Qu’ont-ils fait ?

Ils ont effectué une étude transversale de 189 enfants âgés de 6 à 9 ans qu’ils ont sélectionné au hasard dans les écoles publiques de Malaga. Ils ont contacté les parents des enfants en utilisant un questionnaire qui posait une série de questions à propos de la posture des pieds, la respiration etc. et ces résultats ont influencé les critères d’inclusion / exclusion qui étaient exhaustifs.

Ils ont ensuite examiné les enfants dans leurs écoles. Ils ont mesuré les critères suivants :

  • Index de posture du pied (FPI). Cela évalue la posture du pied dans les 3 plans de l’espace. Un podologue expert l’a mesuré.
  • L’Angle de Clarke. Le podologue expert l’a mesuré à partir d’un tracé sur les radios de pieds.
  • La classification d’Angle. Un orthodontiste a collecté ces données.

L’orthodontiste et le podologue étaient chacun en aveugle des résultats de l’autre.

Ils ont choisi uniquement le pied droit pour leur analyse et ont mesuré l’association entre les variables avec le coefficient de Corrélation de Pearson.

Qu’ont-ils trouvé ?

Ils ont trouvé que 67% des enfants étaient en classe I, 21% en classe II et 10% en classe III d’Angle molaire. Ils ont présenté les données de l’Angle de Clarke et du FPI comme paramétriques et ont effectué un test non paramétrique entre les groupes de la classification d’Angle (mais cela ne mesure pas l’association). Voici les données dans ce tableau tiré de l’article.

J’ai recherché les valeurs normales de FPIet chez les enfants c’est 3.7 (DS=2.5). Les valeurs qu’ils rapportent sont dans cette fourchette.

Leur analyse statistique a révélé qu’il existait une association entre le FPI, l’Angle de Clarke et la classification dentaire. Ils ont ainsi conclu :

« L’angle de Clarke réduit en même temps que la classification d’Angle augmente de la Classe I à III, alors que le FPI augmente tandis que la classification d’Angle augmente de la classe I à III ».

C’est une déclaration importante puisqu’elle suggère que la classification d’Angle, qui est une classification nominale, « augmente ». C’est une erreur parce qu’une classification nominale ne peut pas augmenter.

En outre, j’ai trouvé que la présentation de leurs données et l’analyse statistique était confuse et incorrecte.

Qu’en ai-je pensé ?

Ces dernières années j’ai eu de nombreux débats sur ce blog avec la « frange » des orthodontistes. D’autres et moi avons constamment demandé des preuves permettant de soutenir leurs théories. Certains des praticiens de cette frange m’ont signalé cet article et pour être honnête si c’est ce qu’ils peuvent faire de mieux alors il n’y a pas de preuve pour soutenir leurs théories. Ce papier a les problèmes majeurs qui suivent :

  • Ils ne fournissent pas assez de détails sur la façon dont ils ont sélectionné la population d’enfants
  • L’analyse statistique et la présentation des données sont un complet fouillis
  • Association n’est pas causalité
  • Les valeurs du FPI étaient dans la fourchette d’une population normale
  • L’utilisation de la classification d’Angle est une erreur majeure parce qu’elle peut être influencée par de nombreux autres éléments, par exemple des dents manquantes ou des caries. Sauf si la posture des pieds peut influencer les caries !
  • De façon plus importante, l’hypothèse qu’ils ont testée n’est basée sur aucunes données de recherches ou même sur le bon sens. C’est important parce que si l’on effectue un nombre suffisant d’études pour rechercher quelque chose, on finira par le trouver !

Je sais que mon point de vue va entraîner des débats. Essayons de rester scientifique ?

Pour finir, j’ai décidé de critiquer d’autres papiers de cette « frange orthodontique » pendant l’été. Le prochain est écrit par l’école londonienne « d’orthotropics » à propos de la prévention de l’impaction canine à l’aide du concept « orthotropics ».

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