February 14, 2019

Les minivis orthodontiques sont efficaces pour renforcer l’ancrage : un nouvel essai clinique

Cet article traite d’un nouvel essai clinique qui nous donne des informations utiles sur les ancrages temporaires en vue de renforcer l’ancrage. Les résultats m’ont semblé intéressants et cliniquement pertinents.

Le contrôle de l’ancrage est une des clefs de l’obtention des objectifs orthodontiques. Les minivis (Temporary Anchorage Devices = TADs) ont révolutionné le contrôle de l’ancrage.  Des études et revues systématiques récentes ont illustré leur efficacité. Cet essai me semble apporter de nouvelles informations sur cette technique orthodontique relativement nouvelle. Cette étude a été menée par une équipe suédoise et publiée en accès libre par l’American Journal of Orthodontics, ce qui est super.

Renforcement de l’ancrage à l’aide de minivis ou de blocs molaires chez l’adolescent : un essai contrôlé randomisé.

Niels Ganzer, Ingalill Feldmann, and Lars Bondemark: Am J Orthod Dentofacial Orthop 2018;154:758-67

Doi: https://doi.org/10.1016/j.ajodo.2018.07.011

Quelle est la question posée ?

« Les minivis permettent-elles un meilleur ancrage que les blocs de molaires ? »

La structure de l’étude (PICO) est :

Population étudiée :patient de 11 à 19 ans nécessitant un traitement orthodontique avec extractions des premières prémolaires maxillaires et un renfort d’ancrage. Ils ont défini cela comme approximativement 75% de rétraction des dents antérieures pendant la fermeture d’espace.

Intervention :  minivis avec fermeture d’espace à l’aide d’un ressort NiTi d’une force de 150g.

Contrôle : réalisation d’un bloc molaire en ligaturant en 8 les dents de la deuxième molaire maxillaire et la deuxième prémolaire. La fermeture d’espace se fait par un module élastique d’une force active de 150g (active tieback).

Observation :la perte d’ancrage pendant le nivellement et l’alignement et pendant la fermeture d’espace.

C’est un design d’étude cliniquement pertinent même si les deux interventions n’utilisent pas la même méthode d’application de la force pendant la fermeture d’espace, nous y reviendrons.

Le calcul de la taille de l’échantillon a été fait clairement, la randomisation et la répartition des groupes réalisés à l’aveugle par enveloppes scellées.

Les données ont été collectées à partir de modèles d’études scannés pris en début de traitement (T1), à la fin du nivellement et de l’alignement (T2) et après la fermeture d’espace ( T3). Les différentes empreintes ont été superposées sur le palais. Ils ont ensuite mesuré l’avancée, rotation, tip et torque des molaires.

Qu’ont-ils trouvé ?

Il y a eu 80 participants à cette étude, avec 7 abandons dans le groupe des minivis, et 2 patients du groupe des blocs molaires qui n’ont pas complété l’étude.

J’ai seulement repris les données concernant la perte d’ancrage dans le tableau ci-dessous.

Phase de traitement Minivis Blocs molaires. Difference (95% CI) P
Nivellement et alignement 1.2 1.4 0.1 (-0.2, 0.5) 0.49
Fermeture d’espace 0.2 2.4 2.2 (1.7-2.8) 0.001

Ils ont aussi montré qu’il n’y avait pas de différence de temps de traitement entre les deux groupes. Le nivellement et alignement a pris 10,5 mois pour le groupe des minivis et 9,3 mois pour le groupe du bloc molaire. De même, la fermeture d’espace a pris 8,9 mois pour le groupe minivis contre 9 mois pour le groupe du bloc molaire.

Ils concluent que « les minivis permettent un meilleur contrôle de l’ancrage que la ligature continue des molaires, en particulier pendant la phase de fermeture d’espace ».

Qu’est-ce que j’en pense ?

Ils ont fait une belle étude avec un nombre suffisant de patients et ont répondu à une question cliniquement pertinente. Leur méthodologie est excellente et l’étude est bien avec peu d’abandons. Comme souvent, il y a plusieurs critères à considérer quand on interprète des résultats.

Premièrement, Il y avait un nombre inégal d’abandons dans les deux groupes, avec plus de participants quittant l’essai dans le groupe des minivis. La plupart de ces différences étaient dues à la perte du suivi des patients avec des empreintes ratées et un traitement interrompu. Cependant, ils ont réalisé une analyse en intention de traiter ce qui peut réduire les biais induits par la différence de taux de participation.

Je suis un peu dérangé par le fait que le recul antérieur ait été réalisé à l’aide d’un ressort Niti dans le groupe des minivis alors que dans le groupe de blocs molaires il s’agit une ligature active. Ils ont mis l’accent sur le fait que les deux délivraient la même quantité de force. Mais nous savons que les ligatures actives souffrent davantage de relâchement de force au cours du temps que les ressorts Niti. Cependant, d’autres études n’ont pas montré de différences dans le taux de fermeture d’espace entre ces deux méthodes. Vous devez donc décider si cela influence votre interprétation de cette étude.

J’ai personnellement le sentiment qu’il s’agit d’une étude supplémentaire illustrant l’efficacité des minivis et confirmant qu’elles permettent un gain d’environ 2mm de renfort d’ancrage. Mais j’aurai préféré qu’ils utilisent le ressort Niti dans les deux groupes.

 

 

Related Posts

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *