artie 1 d’un résumé brillant sur les liens entre orthodontie et Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS)
Le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) est un problème sérieux. La place des orthodontistes dans son traitement était le thème du récent congrès d’hiver de l’AAO. Cet article est la première partie d’un excellent résumé par le Dr Greg Jorgensen qui était présent au congrès.
Dr Jorgensen est un spécialiste en orthodontie qui a une pratique privée depuis son diplôme obtenu en 1991 à l’université d’Iowa. Il a été certifié par l’American Board of Orthodontics, et participe actuellement au service de communication de l’AAO. Cependant, ce résumé a été écrit de façon autonome, pour servir avant tout à ceux qui n’ont pas pu participer à ce congrès historique.
La conférence de l’AAO sur le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS)
Au vu de toutes les informations (et désinformations) partagées dans la communauté dentaire ces dernières années, l’AAO a demandé en 2017 à une commission d’examiner le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) et le rôle que les orthodontistes jouent (ou ne jouent pas) dans la prévention, le diagnostic et le traitement de cette maladie médicale sérieuse.
La commission a réuni des experts variés : médecins du sommeil, ORL, pneumologues, pédiatres, neurologues, chirurgiens oraux, dentistes et orthodontistes afin d’avoir une vision la plus large possible.
Après deux années de travaux, ce groupe d’experts non biaisés a rédigé un rapport qui sera prochainement publié dans l’AJODO. Ce rapport a été la base des 18 heures du programme du congrès.
Ne tuez pas le messager
Je vais résumer ici l’information qui a été présentée pendant ce congrès qui s’est tenu du 25 au 27 janvier 2019. J’écris ici en tant que participant à cette conférence, et non en tant qu’expert du SAOS ou représentant de l’AAO. J’espère que ces informations vous seront aussi utiles qu’à moi. Comme je ne suis pas un expert du domaine, je ne suis pas là pour débattre avec vous de mon interprétation, mon seul objectif est de partager avec vous ces ce qui s’est dit au congrès.
L’intérêt pour le SAOS a rempli la conférence
Le sujet intéresse tellement que l’ensemble des fauteuils de la salle de conférence était rempli. Les 1000 participants sont restés du début de la conférence vendredi à 8h jusqu’à la fin des réponses aux questions dimanche midi. La participation est une preuve de l’intérêt et de l’importance accordés au SAOS par notre profession.
Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS)
Le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS)est une maladie sévère et vitale. Il ne fait aucun doute qu’elle mérite l’attention de l’ensemble des professions de santé concernées par ses divers effets. Ce n’est pas une nouvelle maladie, mais notre profession s’y intéresse plus particulièrement depuis quelques années suite à une modification de la démographie des populations atteintes et à l’augmentation des discussions entourant cette pathologie.
Le SAOS est une maladie multifactorielle qui ne peut être rattachée à une unique cause. Il ne peut pas non plus être traité d’une seule façon pour l’ensemble des patients. Le SAOS est davantage qu’une simple maladie d’origine anatomique, qui pourrait être prévenue, induite ou traitée en modifiant la forme, la taille ou la position du complexe dentofacial. Au contraire, c’est une interaction complexe de variables neurologiques, musculaires et physiques qui conduisent à une obstruction de l’oropharynx (voies aériennes supérieures).
De plus, cette obstruction découle avant tout d’une diminution de la tonicité des muscles des voies aériennes supérieures et non pas seulement d’une diminution de leur diamètre. Parce que ce n’est pas uniquement un problème de taille, les méthodes (orthodontiques ou non) visant à augmenter la taille du « tuyau » ne traiteront pas la maladie.
Une revue réaliste des données les plus actuelles amène à la conclusion que les orthodontistes ne peuvent prédire, prévenir, diagnostiquer ou corriger le SAOS.
Pourquoi est-ce que le SAOS est important ?
Le SAOS entraîne chez les adultes une fatigue diurne, des difficultés cognitives, des accidents de transports et des tensions relationnelles. Il entraîne également des ronflements nocturnes avec des pauses intermittentes et des besoins fréquents d’aller aux toilettes, dans le cadre d’un sommeil agité.
Il peut également entraîner de l’hypertension, des attaques cardiaques, réduire l’espérance de vie ou même entraîner la mort.
Les enfants présentent en journée des problèmes comportementaux (TDAH), des difficultés d’apprentissage et des troubles de l’attention. La nuit ils ont un sommeil agité et bruyant, avec une respiration buccale, des positions de sommeil inhabituelles et des mictions nocturnes fréquentes. Le SAOS peut également entraîner des troubles de la croissance et favoriser des problèmes cardio-vasculaires chez les jeunes atteints.
Quelle est la prévalence du SAOS ?
Des études récentes suggèrent que la prévalence du SAOS est de 1 à 4% chez les enfants de poids normal. Mais ces chiffres atteignent plus de 50% chez les enfants obèses. 10% des hommes et 3% des femmes âgés de 30 à 50 ans ont un SAOS. Ces chiffres atteignent 17% des hommes et 9% des femmes de plus de 50 ans, comme la tonicité musculaire de l’ensemble du corps diminue. La prévalence du SAOS chez les hommes et les femmes obèses atteint plus de 75%.
Quelles sont les causes du SAOS ?
Les causes du SAOS sont nombreuses. On peut les résumer ainsi :
- Réduction ou altération du tonus neuromusculaire des voies aériennes supérieures,
- Augmentation du volume de tissu mou autour des voies aériennes (obésité),
- Grand âge (perte de tonus généralisé des muscles du corps),
- Maladies neuromusculaires,
- Présence de structures anormales qui réduisent la largeur des voies aériennes (comme des amygdales, des glandes adénoïdes, des piliers pharyngiens ou une luette de taille augmentée).
Il n’y a pas de preuve que les éléments suivants sont à l’origine de SAOS :
- La position des dents,
- La largeur des arcades,
- La taille de la cavité nasale,
- La longueur du frein lingual.
Lorsque nous regardons l’influence des traitements orthodontiques, il n’y a aucune preuve directe de lien entre une thérapeutique orthodontique (masque facial, extractions, « mécaniques de rétraction », etc.) et le développement du SAOS.
De plus, « il n’y a aucune relation causale directe entre la structure craniofaciale et le SAOS de l’enfant ». Le SAOS n’est pas seulement une maladie anatomique.
Quels sont les facteurs de risque du SAOS ?
Le SAOS est dû à réduction de la tonicité musculaire des voies aériennes supérieures qui entraîne leur obstruction. N’importe quel élément qui cause, réduit ou contribue à cet élément peut être un facteur de risque. Il est clair que l’obésité est le premier facteur de risque, puisque l’obturation est beaucoup plus probable à cause d’une diminution de la tonicité musculaire combinée à une réduction de la lumière des voies aériennes due à des dépôts de gras. D’autres facteurs de risque sont l’âge, les blessures, les maladies neuromusculaires, la génétique, le tabac ou encore le fait d’être un homme ou d’avoir un cou large.
Chez les enfants, l’hypertrophie adénoïdienne ou amygdalienne est un facteur de risque majeur. Il faut noter qu’il n’y a eu aucune relation causale directe prouvée entre la structure craniofaciale et le SAOS de l’enfant (par exemple constriction de l’arcade, extractions dentaires, thérapeutique par masque facial ou rétraction des dents antérieures).
Je posterai la deuxième partie de ce résumé la semaine prochaine.