February 19, 2019

Le chewing-gum réduit il la douleur du traitement orthodontique ?

La douleur est un des problèmes les plus gênants que nous rapportent les patients.

Peut-elle être réduite simplement par du chewing-gum ?

La plupart de nos patients rapportent des douleurs lors de la pose ou de l’ajustement des appareils. Le meilleur soulagement reste les antalgiques sans ordonnance. Cependant, nous devrions explorer différentes méthodes de réduction de la douleur, qui n’induisent pas de prendre des médicaments. Le chewing-gum pour être une de celles-ci. Plusieurs études ont suggéré qu’il était efficace et j’ai déjà écrit à ce sujet avant.

Une équipe de Stockholm, en Suède a réalisé cette étude. Le European Journal of Orthodontics l’a publié.

Réduction de la douleur après mise en place des arcs orthodontiques – comparaison entre prise de paracétamol et de chewing-gum : un essai contrôlé randomisé.

Abdulrahman K. Alshammari and Jan Huggare

EJO. DOI:10.1093/ejo/cjy081

Ils ont réalisé une excellente revue de la littérature qui met en évidence la théorie et différentes méthodes de gestion de la douleur.

Quelle était la question ?

Ils ont voulu savoir si :

  • « Le paracétamol ou le chewing-gum sont efficaces pour contrôler la douleur du traitement orthodontique ».
  • « Mâcher du chewing-gum augmente-t-il le nombre de casses d’appareils ? »

Qu’ont-ils fait ?

Le schéma PICO était :

Population étudiée : patients d’orthodontie de 12 à 18 ans ayant des appareillages fixes.

Intervention : Le chewing-gum mâché une heure avant avoir évalué leur douleur.

Contrôle : paracétamol 1000mg or 500mg pris une heure avant avoir évalué leur douleur.

Observation : Évaluation de leur douleur avec des échelles visuelles analogiques. L’observation secondaire est le nombre de casses d’appareillages.

Ils ont réalisé un calcul explicite de taille d’échantillon, basé sur des recherches précédentes, et qui montre que 29 participants par groupe sont nécessaires. Je n’ai pas pu trouver de détails sur la méthode de réalisation de la randomisation. Cependant, ils ont indiqué avoir assigné les patients en piochant au hasard une carte dans un panier. Ils ont donc réalisé la randomisation en aveugle de l’opérateur. Il était impossible de garder le patient ignorant du type de traitement alloué. Mais, l’analyse des données a été réalisé à l’aveugle.

Les patients évaluent leurs niveaux de douleurs quand ils serrent les dents et au repos, à différents temps :

T1 : 6 heures après la pose de l’appareil

T2 : à l’heure du coucher le même jour

T3 : le matin du jour suivant

Ils ont demandé aux participants de ne pas prendre d’antalgiques supplémentaires. S’ils le faisaient, il fallait relever l’heure et la dose.

L’analyse statistique est pertinente et minutieuse.

Qu’ont-ils trouvé ?

Premièrement, il n’y avait pas de différence entre les deux groupes au départ de l’étude. A l’analyse des données, il n’y avait pas de différences de perception de la douleur entre les groupes paracétamol et chewing-gum.

De plus, il n’y a pas eu de casse dans le groupe chewing-gum, alors qu’il y en a eu deux dans le groupe du paracétamol.

Ils ont conclu :

« L’effet du chewing-gum et de la prise de paracétamol est équivalent pour la douleur du traitement orthodontique. »

Qu’est-ce que j’en pense ?

Je pense que c’est une très bonne étude clinique, bien menée et bien présentée. J’ai réussi à interpréter les résultats facilement car elle est très agréablement écrite. Leur méthodologie était solide.

Mes seuls critiques porteraient sur la méthode pour générer la séquence de randomisation, un peu floue, sans préciser si le patient avait donné son consentement et était inclus dans l’étude avant la randomisation ou non. Ceci est important concernant les facteurs qui peuvent biaisés l’étude. Cependant je ne pense pas que cela puisse influencer les conclusions.

Les auteurs ont soulevé qu’une limite de l’étude était sa courte période de collection des données. Cependant,  les autres études ontt montré que les patients rapportaient des douleurs plus importantes immédiatement avec l’ajustement des appareillages.

J’ai trouvé très stimulant de voir que ces résultats étaient en accord avec les résultats des autres études sur le sujet. Je pense que ce sont des conclusions significatives, surtout quand il s’agit de ne pas encourager nos patients à prendre de médicaments. En effet, ces études suggèrent que l’on peut obtenir un contrôle adéquat de la douleur avec le chewing-gum. Ne devrions donc nous pas changer nos conseils concernant le contrôle de la douleur orthodontique et simplement proposer à nos patients de mâcher du chewing-gum ?

Cela serait un réel chamboulement dans notre pratique, mais il est difficile de ne pas réaliser ces changements face à la preuve apportée par au moins 3 études bien menées…

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