Les rappels par SMS aident-ils à la correction de la Classe II ?
Nous espérons tous que les patients réagissent aux rappels à propos de leur traitement. Cette nouvelle étude montre que le rappel par SMS est efficace. Sa lecture en vaut le coup !
Les résultats de notre traitement dépendent de la compétence de l’opérateur et de la coopération de nos patients. Il y a eu de récentes améliorations concernant l’utilisation de rappels destinés au patient par SMS ou via des réseaux sociaux. C’est un essai intéressant qui rapporte d’intéressantes données cliniques.
L’essai a été fait par une équipe de Bauru, Brésil. “The Angle Orthodontist” l’a publiée, cela signifie qu’elle est en libre accès et que tout le monde peut la lire.
Simone Maria Massud Leone et al
Angle Orthodontist: Advance access
DOI: 10.2319/011218-31.1
Ils ont décidé de répondre à cette problématique : “ Les rappels par SMS influencent-ils la coopération des patients en orthodontie ?”
Qu’ont-ils fait ?
Je pense qu’ils ont fait un essai clinique contrôlé randomisé. Le PICO était le suivant :
Participants: patients d’orthodontie avec malocclusion de Classe II traités sans extraction. La correction de la Classe II se faisait à l’aide de tractions inter-arcades (TIA).
Intervention: rappels par SMS.
Contrôle: traitement habituel sans rappels SMS.
Variables étudiées: mesures antéro-postérieures des arcades à partir de modèles d’étude pris au début du port des élastiques (T1) et 3 mois plus tard (T2).
Ils ont inclus 42 patients dans cette étude et les ont répartis en 2 groupes de 21 patients. Ils ont donné peu d’informations quant à la randomisation et la génération des séquences. Je n’ai pas pu trouver d’informations sur la répartition des patients, la mise en aveugle et le consentement. Ils ont fait un calcul d’échantillon. L’opérateur et le patient ne pouvaient être mis en aveugle pour le type de traitement reçu. Néanmoins, les moulages ont été évalués à l’aveugle.
Ils ont envoyé des SMS via WhatsApp deux fois par semaine pendant les 3 mois de l’étude.
Ils ont mesuré l’écart sagittal des faces vestibulaires en marquant les moulages d’étude dans les espaces interdentaires entre la canine et la première prémolaire maxillaire et la seconde prémolaire et première molaire mandibulaire. Ensuite, ils ont mesuré la distance entre ces points en utilisant un pied à coulisse digital. Finalement, ils ont réalisé une analyse statistique simple univariée entre les groupes.
Qu’ont-ils trouvé ?
Premièrement, ils ont trouvé que leur méthode de mesure était reproductible avec une erreur moyenne de 0,03 mm – 0,09 mm. Ils ont présenté plusieurs mesures dans leurs résultats. J’ai décidé de me concentrer sur la mesure finale entre le groupe témoin et le groupe d’intervention.
Quand nous interprétons les résultats d’un essai, l’approche la plus simple est de considérer les valeurs finales des mesures de la section résultats. Pour cette étude, la distance moyenne entre les points choisis (quantité de Classe II) pour le groupe expérimental était de 15,35 mm (Ecart-type = 1,33) et pour le groupe témoin elle était de 16,7 mm. Ce qui donne une différence de 1,42 mm. Cette valeur était statistiquement significative. J’ai rassemblé ces données dans un tableau simplifié.
Expérimental | Témoin | Différence | |
Distance moyenne (mm) | 15,35 (14,7-15,9) | 16,7 (16,3-17,3) | 1,42 (0,59-2,2) |
Ils ont également mentionné que le groupe avec rappels de SMS a eu une correction de Classe II qui était plus de 3,7 fois celle du groupe témoin.
Qu’en ai-je pensé ?
J’ai pensé que c’était une étude intéressante. Le principal point fort de cette étude était que les auteurs qui ont essayé de répondre à une question cliniquement pertinente à l’aide d’une méthodologie d’essai clinique randomisé. J’ai aussi trouvé que leur moyen de mesurer les effets de la coopération était soignée, simple et pertinente cliniquement. C’était une excellente alternative par rapport à la mesure du port d’élastiques car ils relevaient directement les résultats de l’intervention / du traitement. Nous devons nous demander si cette méthode était précise car elle reposait sur une orientation correcte des modèles. Ils ne semblent pas avoir évalué cela. Quoiqu’il en soit, nous devons supposer qu’ils ont eu recours à la même méthode pour les deux groupes et que cela n’a pas dû influencer les résultats.
J’ai été déçu de ne pas avoir été en mesure de trouver de détails quant à la randomisation et la mise en aveugle de la répartition. Ceci est très important car nous devons voir comment cela a été fait afin de pouvoir évaluer la possibilité de biais dans l’étude. C’est également un prérequis du protocole CONSORT sur la publication d’essais cliniques randomisés et je ne suis pas sûr si The Angle Orthodontist l’a signé.
Pour finir, les auteurs ont affirmé que les rappels SMS ont conduits à une correction de plus de 3,7 fois de la Classe II. A chaque fois que quelqu’un rapporte ce genre d’informations nous devons regarder la taille de l’effet. Dans cette étude c’étaient 1,4 mm et nous pensons peut-être que c’est cliniquement significatif. Quoi qu’il en soit, lorsque qu’on s’intéresse à l’intervalle de confiance de cette différence, je le trouve assez large. Ceci veut dire que nous devons interpréter ces données avec un certain degré de prudence.
Pour résumer, je pense que cette étude montre qu’il y a peut-être un effet des rappels SMS sur la coopération. Je vais peut-être l’essayer afin de voir si j’obtiens de meilleurs niveaux de coopération chez mes patients.