February 14, 2019

D’après une nouvelle étude, Les MOPs accélèrent le mouvement dentaire !

On aimerait tous accélérer la vitesse du déplacement dentaire. Cette nouvelle étude montre que les micro-ostéo-perforations (MOPs) accélèrent le mouvement dentaire.

Récemment, des investigateurs ont mené plusieurs études pour évaluer les méthodes d’accélération du déplacement dentaire. Une de ces méthodes est la micro ostéo-perforation ou MOP.

Dans cette technique, des petits trous sont réalisés dans l’os alvéolaire. Il en résulte ensuite un phénomène d’accélération régionale appelé PAR (regionally accelerated phenomenon – RAP en anglais). J’ai déjà écrit à propos d’essais sur ce sujet avant. J’avais relevé que la preuve d’un effet clinique significatif sur le taux de mouvement dentaire était limitée. C’est un sujet de recherche orthodontique intéressant et cliniquement pertinent. J’ai donc été très intéressé de voir cette nouvelle étude.

Une équipe indienne a mené cette étude. Le Journal of Orthodontics l’a publié.

Comparaison du taux de mouvement dentaire et de la perception de la douleur pendant le déplacement dentaire accéléré par multi attaches et micro-ostéo-perforations – un essai clinique randomisé contrôlé.

Sonal Attri et al

Journal of Orthodontics:

https://doi.org/10.1080/14653125.2018.1528746

Ils ont posé cette question : « est ce que les MOPs accélèrent le mouvement dentaire et la douleur pendant le recul en masse ? »

Qu’ont-ils fait ?

Ils ont réalisé un essai clinique randomisé en deux bras parallèles en respectant un ratio 1/1 à la répartition des participants. Ils ont enregistré l’essai.

Le schéma PICO de l’étude était :

Population : patients d’orthodontie de 13 à 20 ans, présentant un encombrement inférieur à 3mm, dont l’avulsion des premières prémolaires maxillaires et mandibulaires implique un recul en masse pour la fermeture des espaces.

Intervention :  MOP réalisées à l’aide de l’appareil Propel. Elles sont réalisées au départ de la fermeture d’espace et tous les 28 jours jusqu’à ce que l’espace d’avulsion soit fermé.

Control : Fermeture d’espace sans MOPs.

Observation : taux de fermeture d’espace en mm/mois. Les mesures sont réalisées sur des modèles numériques. Ils ont aussi relevé la perception de la douleur avec une échelle analogique à 24 heures, puis 7 et 28 jours après les MOPs.

Je pense que les points importants de leur méthodologie sont :

  • La fermeture d’espace sur un arc 0.19×0.25 en acier avec un force de traction standardisée de 150g de chaque côté de l’arcade.
  • Ils ont commencé la rétraction immédiatement après la réalisation des MOPs.
  • La préparation d’ancrage était faite par la prise en charge des deuxièmes molaires et la mise en place d’un arc trans-palatin.
  • Ils ont mesuré la fermeture d’espace en dessinant sur un logiciel le plan médian sur le palais, puis des lignes perpendiculaires à ce plan en regard de la face distale de la canine et de la face mésiale de la seconde prémolaire. La distance entre ces deux lignes représentait la quantité d’espace de fermeture.
  • Ils ont réalisé un calcul de taille de l’échantillon, les données ont été récoltées à l’aveugle et la randomisation et la répartition adéquates.

Qu’ont-ils trouvé ?

60 participants ont été inclus et ont fini l’étude. Il n’y avait pas de différence entre les groupes au début du traitement.

J’ai extrait des données pertinentes sur le taux de fermeture en mm/28jours, dans le tableau suivant :

Espace MOPs Pas de MOP Différence (95%CI)
Secteur 1 0,89 (0,17) 0,63 (0,11) 0,25 (0,18-0,33)
Secteur 2 0 ,88 (0,21) 0,53 (0,19) 0,35 (0,25-0,45)
Secteur 3 0,73 (0,1) 0,49 (0,1) 0,24 (0,17-0,31)
Secteur 4 0,8 (0,19) 0,53 (0,1) 0,27 (0,19-0,35)

 

Toutes ses différences sont statistiquement significatives. Ils n’ont pas détecté de différence dans la perception de la douleur.

Leur conclusion générale était : « Il y a une accélération nette du déplacement dentaire orthodontique quand les MOPs sont réalisées juste avant de débuter le mouvement dentaire. »

Qu’est-ce que j’en pense ?

Je pense que c’est une petite étude bien menée, et que leurs résultats sont intéressants. Cependant, nous devons savoir si l’effet observé a une pertinence clinique, c’est à vous d’en décider.

Je pense aussi qu’un bon moyen d’approche de ces résultats est de regarder l’effet que ces différences peuvent avoir sur le temps total de fermeture d’espace. Par exemple, si nous regardons la différence la plus importante, qui est la fermeture de l’espace de la 14. Ils ont mesuré une moyenne de 5,0mm d’espace en prétraitement au maxillaire. Si nous prenons une moyenne de fermeture d’espace de 0,89mm/mois pour les MOPs et de 0,63mm/mois sans ; alors la moyenne de temps de fermeture serait de 5,6mois pour les traitements avec MOPs et 7,9 mois sans. J’ai l’impression que cette différence est cliniquement pertinente.

Cependant, je voudrais faire appel à la prudence, car nous devons nous rappeler qu’ils ont uniquement regardé la fermeture d’espace. Je ne suis pas sûr que l’on puisse extrapoler ce résultat pour conclure que l’ensemble du traitement serait réduit de 2mois. Ces résultats sont donc intéressants, mais il manque quand même une étude pour évaluer l’effet des MOPs sur l’ensemble du traitement orthodontique. Cette technique implique une augmentation considérable du poids des soins, nous devons donc chercher une différence suffisante pour la justifier ?

Plusieurs chercheurs ont maintenant fait des études sur les MOPs et je vais faire une publication dans les prochaines semaines pour essayer de résumer les données acquises concernant cette technique.

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